Par-dessus tout, le maire regrette de n’avoir obtenu aucune information de la part des services de l’État face aux interrogations de la population.
Fabrice Constensous
 
Un arasement inutile
Nuisances
Le la vidange du barrage a occasionné de nombreuses nuisances sous forme d’accumulation de sédiments. En particulier, elle interdise le fonctionnement normal des boules en aval certain serve à la production d’électricité.
Barrage
Le barrage de Pontécoulant à un seul côté bétonné, l’autre étant en terre. Il est constitué d’une digue de 170 m de longueur et 4 m 50 de hauteur équipée d’une vague de régulation.
Agences de l’eau
Le coût des études préalables à l’arasement du barrage et le coût des travaux eux-mêmes représentent 2 000 003 deux-roues. L’agence de l’eau Seine maritime les finance en totalité
 
A Pontécoulant, dans le Calvados, l’arasement barrage sur la Druance a pour certains déserts de catastrophe
« Nous voici sur le site du barrage de Pontécoulant, construit sur le cours de la rivière locale, la Druance. Comme vous le voyez, les travaux de terrassement ont commencé… »
Le pâle sourire que Marie Paule Labey esquisse en commentant le paysage cache mal chez elle un sentiment qui balance entre le dépit et la résignation. La raison ? Maire de Pontécoulant, dans le canton Calvadosien de Condé-sur-Noireau, de 1994 à 2008, et ancienne vice-présidente du conseil régional de Basse-Normandie, chargé des questions d’environnement, Marie Paule Labey aurait souhaité un autre destin pour cet ouvrage, auxquel elle s’est intéressée comme élue pendant plusieurs décennies.
Un programme touristique resté lettre morte
« À l’origine de sa construction, au début des années 1960, le barrage de Pontécoulant avait rôle essentiel de constituer une réserve d’eau potable pour la ville de Condé-sur-Noireau qui en est propriétaire. L’ouvrage devait aussi assurer l’étiage de Druance grâce à des vannes de régulation » mais avec le temps, fait remarquer Marie Paule Labey, le rôle de réserve d’eau potable a disparu de sorte que le barrage n’a plus été entretenu. « Et progressivement, la nature a repris ses droits avec le développement sur place une flore et une faune propres aux zones humides. »
Une évolution facilitée par la présence d’un superbe plan d’eau de 12 ha. Tout cela donnait à l’élue de l’époque l’idée d’exploiter ces richesses touristiques. Un projet intéressant est bâti, des budgets sont même votés. « Il s’agissait de tirer parti de la proximité du château de Pontécoulant, qui appartient le conseil général. »D’où l’idée de créer un accueil hôtelier pour des séjours pédagogiques tournés vers la connaissance de respect de la nature
Un caractère naturel exemplaire
Mais ce programme est resté lettre morte dès que Marie Paule Labeyn’a plus exercé son mandat électif. Alors même que son projet avait été chaudement approuvé par les services de l’environnement. Entre-temps, révèle-t-elle, « la municipalité de Condé-sur-Noireau avait refusé de financer l’aménagement d’une passe à poissons dans le barrage. » Une position qu’il exposait à devoir payer une amende pour non-respect de la directive européenne sur la libre circulation des poissons migrateurs.
Conséquence : l’agence de l’eau Seine Normandie propose l’arasement du barrage, confortée par une étude selon laquelle cet ouvrage n’agit pas sur les crues de la Druance. Hostile au départ à la disparition du barrage, la municipalité Pontécoulant, le maire Jean-Pierre Mourice en tête, finissent par l’accepter. D’autant que le coût de l’opération, 2,3 millions d’euros, et supporté entièrement par l’agence de l’eau Seine Normandie. Mais les élus se Pontécoulant avaient aussi eu l’assurance de la part des experts consultés et des services de l’État concerné que le site retrouverait à caractère naturel exemplaire. La réalité, constate l’association des amis du barrage est tout autre : dès le début de la vidange «ce fut une catastrophe, avec un phénomène de chasse d’eau qui a entraîné une évacuation massive de sédiments en aval de la Druance».quant aux poissons, Jean-Pierre Mouriceregrets que rien n’est été prévu pour leur récupération. « Tous se sont partis pour l’équarrissage et beaucoup sont morts asphyxier, bloqués dans les bases en fin d’évidence. »
     Barrage de Pontécoulant : « c’est une catastrophe »     "La Manche Libre"